"Aucune protection policière après des menaces de mort répétées de la part d'islamistes"[Doorbraak]
- Elodie Poncet
- 5 nov. 2024
- 4 min de lecture
Article de Filip Michiels paru le 5 novembre 2024, à lire en flamand sur le site du journal doorbraak.be
Aucune protection policière après des menaces de mort répétées de la part d'islamistes
Après des menaces de mort de la part d'islamistes : "Pourrez-vous venir au poste de police la semaine prochaine pour déposer une plainte ?"

La semaine dernière, l'anthropologue et chercheuse francophone Fadila Maaroufi a reçu des menaces de mort de la part d'islamistes via Facebook. Lorsqu'elle a ensuite contacté la police de Nivelles, on lui a dit que pour déposer une plainte, elle devrait attendre une semaine de plus pour obtenir un rendez-vous au commissariat. La protection policière est également hors de question pour l'instant.
"Croyez-moi, vous paierez de votre sang votre soutien au génocide de Gaza". C'est ce message, en arabe, que Maaroufi a reçu via Messenger le lundi 25 octobre. Comme le message provenait d'une personne avec laquelle elle n'est pas amie sur Facebook, il s'est retrouvé dans ses spams et elle ne l'a reçu qu'un jour plus tard. La directrice de l'Observatoire européen des fondamentalismes, basé à Bruxelles, qui étudie les fondamentalismes au sens large, mais qui, à Bruxelles, se concentre principalement sur la montée de l'islamisme, n'est donc pas exactement un cas d'école. Elle a déjà reçu plusieurs menaces de mort et d'intimidation physique, et c'est sur la base de ces menaces qu'elle a été inscrite sur la liste des « points chauds » de la police fédérale en 2020. En cas d'urgence, cette liste permet aux personnes ayant déjà fait l'objet de menaces de bénéficier d'un accès téléphonique direct et prioritaire aux services de police.
Protection privée
J'ai immédiatement contacté le commissariat de Nivelles, où l'on m'a dit que je ne pourrais déposer une plainte qu'une semaine plus tard. Lorsque j'ai demandé si je ne figurais plus sur la liste dite « Hot Spot », on m'a répondu, à ma grande surprise, que je n'y figurais plus depuis 2021. Pourtant, le 14 avril dernier, j'avais déposé une plainte après avoir été à nouveau harcelée et suivie, cette fois-ci même depuis le train jusqu'à mon domicile.
À cette occasion, je m'étais également demandé si je figurais toujours sur cette liste, mais l'agent en question n'avait pas été en mesure de me donner une réponse concluante à l'époque. Il s'avère donc que j'ai été rayé de cette liste pendant trois ans et qu'en cas de menace concrète, je n'ai plus la garantie de pouvoir avertir rapidement la police.
Immédiatement après l'appel téléphonique à la police de Nivelles, Maaroufi s'est rendue au commissariat de Braine-l'Alleud, où elle a pu déposer une plainte. Mais il ne peut être question de protection directe. La décision revient au parquet de Nivelles, ou éventuellement au Centre national de crise (CNCC). C'est lui qui doit décider des mesures de protection à l'égard de personnes spécifiques, et c'est également là que ses plaintes précédentes ont été regroupées, a-t-elle déclaré. Cette plainte serait donc également transmise au NCCN. Enfin, les agents lui ont également conseillé d'engager elle-même une protection privée. J'en déduis donc que la police belge n'est même pas capable de protéger des citoyens qui ont déjà été menacés de mort à plusieurs reprises », semble-t-il dire avec mépris.
Prose d'invectives
Mme Maaroufi ne sait pas exactement qui est responsable de ces nouvelles menaces de mort, mais ses soupçons se portent sur les milieux islamistes en France. Le 20 octobre, une dénonciation de Maaroufi est apparue sur le compte X de Debunker News - une Française qui dit lutter contre le « lobby sioniste français et contre le “racisme antimusulman” - en ces termes : “Aujourd'hui, j'aimerais vous présenter la personne que vous êtes en train d'assassiner”. Aujourd'hui, j'aimerais vous présenter Fadila Maaroufi, une partisane du sionisme qui se venge apparemment de tous les musulmans parce que sa famille l'a reniée. J'ai presque pitié d'elle, mais elle, elle est sans pitié ».
Il s'agissait d'un montage de posts et de photos de Maaroufi, censé montrer son opposition farouche à l'antisémitisme et à l'islamisme dans notre pays. Le compte en question compte plus de 40 000 abonnés, et le message a donc été suivi d'un flot prévisible de commentaires haineux et d'invectives à l'encontre de Mme Maaroufi. Comme je ne suis évidemment pas ami avec l'auteur des menaces de mort, je n'ai pas accès à son profil complet. Mais d'après ce que j'ai pu voir et d'après ses amis sur Facebook, je peux déduire qu'il s'agit d'un homme d'origine marocaine vivant en France qui est potentiellement dangereux ». Mais c'est bien sûr à la police de demander son profil IP à Facebook, de découvrir où il vit et de poursuivre l'enquête sur cette base.
Mme Maaroufi a également envoyé un communiqué de presse à tous les médias francophones du pays à la fin de la semaine dernière, exprimant son inquiétude face aux nouvelles menaces de mort. Je n'ai reçu pratiquement aucune réponse, alors que ces mêmes médias parlent de prétendues discriminations à l'encontre des femmes musulmanes ».
Le surréalisme belge
Au service de presse de la police fédérale, on semble ne pas pouvoir répondre à nos questions parce qu'on ne connaît pas les détails de cette affaire. Et qu'il appartient au Centre national de crise (NCCN) de décider d'éventuelles mesures de protection. Cette affirmation est quelque peu nuancée au sein même du NCCN. Nous décidons uniquement de la protection éventuelle de personnes menacées en raison de leur fonction, par exemple des policiers ou des magistrats ».
Le porte-parole ne peut pas dire si Fadila Maaroufi entre dans cette catégorie. Le NCCN ne communique jamais sur des cas concrets. Mais dans tous les cas, la police est toujours la première source de contact en cas de menaces de mort », ajoute-t-il.
Coïncidence ou pas : une demi-heure après notre entretien avec le porte-parole de la police fédérale, Mme Maaroufi reçoit un appel téléphonique d'un inspecteur de la police bruxelloise, qui lui dit qu'il sera désormais son contact à Bruxelles. Et que dès qu'elle a l'impression d'être suivie, elle peut le contacter immédiatement. Dans ce cas, il ouvrira une enquête et fera procéder à une évaluation de la menace par l'OCAD. Après quoi le NCCN pourra éventuellement décider de prendre des mesures de protection. Le meilleur surréalisme belge, quoi.