Conférence à Bruxelles annulée après des menaces de mort par des activistes trans [doorbraak.be]
- Elodie Poncet
- 21 oct. 2024
- 3 min de lecture
Article rédigé par Filip Michiels pour Doorbraak , à lire sur le site du journal
Après des menaces de mort de la part d'activistes radicaux, le Café Laïque de Bruxelles annule une conférence sur les dérives de l’idéologie transgenre.
Le Café Laïque de Bruxelles a dû annuler une conférence de la féministe française Marguerite Stern et de la journaliste Dora Moutot. Ces dernières ont récemment publié ensemble un livre sur les excès de l’idéologie transgenre. Après que des activistes bruxellois ont appelé à perturber la conférence la semaine dernière, les deux femmes se sont retirées définitivement après avoir reçu des menaces de mort concrètes.
« Nous ne voulons pas jouer avec le feu. Nous ne voulons pas non plus perdre un œil comme Salman Rushdie, ou même notre vie comme les journalistes de Charlie Hebdo, simplement parce qu’un groupe d’activistes trans trouverait "glorieux" de nous tuer. C’est pourquoi nous avons décidé d’annuler la conférence prévue le 22 octobre à Bruxelles », a déclaré Dora Moutot fin de semaine dernière dans un message sur X. « Certains seront déçus ou diront que nous abandonnons, mais ce n’est pas le cas. Tout ce que nous avons à dire est dans notre livre Transmania. »
Dans ce livre, les deux femmes critiquent les « excès de l’idéologie transgenre ». Selon elles, ce mouvement ne défend plus les droits d’une minorité opprimée, mais s’est transformé en un projet politique néfaste qui met progressivement sous pression l'ensemble de la société. « En France, une personne possédant un pénis peut désormais être officiellement reconnue comme une femme. Et des hôpitaux se livrent impunément à de véritables expériences médicales sur des enfants qui prétendent vouloir changer de sexe », dénoncent-elles.
Ne pas mourir en martyre
Les deux autrices ont décidé, fin de semaine dernière, de ne pas se rendre à Bruxelles après qu’un manifeste publié sur Paris Luttes Infos a ouvertement appelé à la violence mortelle contre elles. « Nous estimons que la situation est trop dangereuse pour le moment », déclare Marguerite Stern. « Face à des personnes qui écrivent explicitement qu’elles veulent nous tuer, nous choisissons la vie. Contrairement à elles, je ne romantise pas la violence. Je ne veux pas mourir en martyre et je ne veux pas non plus prendre ce risque. »
Fadila Maaroufi, du Café Laïque de Bruxelles, où la conférence devait avoir lieu, se montre particulièrement critique après cette annulation forcée. « Il y avait déjà eu des appels à Bruxelles de la part d’un groupe se décrivant comme des "activistes trans antifascistes" pour venir semer le trouble pendant la conférence. En prévision, une réunion préparatoire a même été organisée mardi dernier à Saint-Gilles, avec un recrutement intensif sur les réseaux sociaux », déclare Maaroufi.
« En réaction, nous avions demandé une protection policière et même prévu notre propre sécurité. Mais à la fin de la semaine dernière, des menaces de mort en provenance de France ont été adressées aux deux invitées, ce qui les a poussées à renoncer à venir à Bruxelles. »
Islamisme
Maaroufi n’en est pas à sa première expérience en matière d’intimidation et de menaces. Dans le passé, elle et le Café Laïque ont déjà été la cible de critiques lorsqu’ils ont dénoncé la montée de l’islamisme dans la capitale et invité des intervenants pour en témoigner. Fait notable, la nouvelle de l’annulation de cette conférence a fait grand bruit en France, mais n’a été jusqu’à présent pratiquement pas relayée par les médias belges.
« Les deux autrices ont déjà porté plainte en France suite aux menaces de mort. Quant à moi, j’ai été régulièrement menacée de mort, mais je dois assurer ma propre sécurité. La situation est devenue si tendue que je ne peux plus travailler en Belgique. Lorsque je dénonce l’impact et l’ampleur de ces intimidations, les médias francophones ici m’ignorent complètement », poursuit Maaroufi.
« On me classe – à tort selon moi – dans la catégorie de l’extrême droite, et dès lors, vous n’existez tout simplement plus pour nos médias. Alors qu’au Café Laïque, nous essayons justement de créer un espace ouvert, pluraliste et respectueux, où chacun peut s’exprimer librement, dans le cadre de la loi. Plus que jamais, la liberté d’expression est au cœur de notre projet, et nous continuerons à la défendre avec conviction. »